Serait-ce la fin du feuilleton du rachat de SFR ? En tout cas, c’est une étape importante qui vient de se conclure avec la signature de l’accord définitif entre Vivendi, propriétaire de SFR, et Altice, propriétaire de Numericable. Pour autant l’affaire est loin d’être conclue. Explications.
Si ce n’est la fin de l’histoire, c’est en tout cas une nouvelle étape que vient de franchir Altice, propriétaire de Numericable, dans le rachat de SFR. Après avoir consulté les instances représentatives du personnel (syndicats, comité d’entreprise), le contrat entre les deux entreprises a été signé. Le jour J de la concrétisation du rachat, Vivendi recevra ainsi 13,5 milliards d’euros et conservera 20% du nouvel SFR avec la possibilité de s’en désengager pour tout ou partie dans le futur. Ainsi que 750 millions d’euros en fonction des performances économiques et financières du futur groupe. Et pourtant c’était loin d’être gagné d’avance. La bataille fut rude avec Bouygues Telecom qui proposait pourtant bien plus avec 15,5 milliards d’euros. Vivendi l’a joué pragmatique et a choisi Numericable pour éviter le risque d’un retoquage du projet par les autorités.
SFR : la partie est loin d’être finie
La complémentarité entre SFR et Numericable saute aux yeux. L’un est le deuxième opérateur mobile français avec plus de 21 millions de clients et 5,2 millions dans le fixe. Numericable est lui quasi-exclusivement présent dans le fixe avec le câble et la fibre optique avec plus d’un million d’abonnés. Contrairement à un rachat par Bouygues Telecom qui aurait donné lieu à la naissance d’un autre géant européen derrière Orange avec 33 millions de clients mobile et 8 millions de clients fixe. Si elle semble logique, la fusion entre SFR et Numericable est loin d’être finie. Il faudra passer entre les mailles de l’Autorité de la concurrence qui s’annoncent serrées puisqu’elle va prendre le temps d’instruire le dossier sérieusement comme le confirme Bruno Lesserre, le président de l’Autorité : « […] nous ferons un examen approfondi, le dossier sera soumis au collège à l’issue d’une procédure contradictoire qui permettra aux parties de réagir au diagnostic concurrentiel qui sera porté par l’Autorité. […] Nous consulterons aussi les régulateurs sectoriels : l’Arcep et le CSA et nous ferons un, deux, voire plusieurs tests de marché si c’est nécessaire. » La procédure s’annonce longue et sinueuse pour le nouvel SFR d’autant que Orange a déjà prévenu qu’il porterait des réclamations et demanderait des compensations pour des risques de concurrence déloyale. Surtout qu’il soutenait avec Free, le rachat de SFR par Bouygues Telecom. Patrick Drahi, patron d’Altice, de Numericable et du futur SFR, ne fait pas partie du petit milieu des télécoms français, il y est vu comme un intrus.
La partie est donc loin d’être terminée et les obstacles sont nombreux. L’affaire se fera mais avec quelles contreparties et sur quelle durée ? La balle est dans le camp de l’Autorité de la concurrence.
Clients SFR, craignez-vous le rachat par Numericable ? Dites-le nous dans les commentaires.
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