Orange espionné par Deutsche Telekom, pour le compte… des Etats-Unis

France Telecom, renommé depuis Orange, a été espionné par les services secrets allemands. C’est ce que révèlent des documents internes à Deutsche Telecom, qui a servi à intercepter les communications françaises. 

Entre 2005 et 2015, les services secrets allemands (BND) ont espionné la France par l’intermédiaire groupe de télécommunications Deutsche Telekom. Ils auraient agi sur ordre de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA). La BND aurait donc intercepté des flux de communication d’Orange, provenant de la France. C’est ce que révèle Le Monde, qui a eu accès à des documents internes de Deutsche Telekom. Pourtant les autorités allemandes arguaient le fait qu’il était impossible de connaitre l’identité des cibles : les preuves auraient été détruites par la BND. Or Orange disposerait de moyens pour connaitre les structures visées par les services secrets

Quelle est l’implication de Deutsche Telekom dans cette pratique d’espionnage ?

Deutsche Telekom participe au dispositif de surveillance des services secrets allemands et de la NSA, depuis le 1er mars 2004. Le protocole d’accord que l’entreprise a signé, stipule qu’elle doit intercepter les flux de communication arrivant sur le territoire allemand. Tout cela sans le consentement des câblo-opérateurs, comme France Télécom (renommé Orange depuis). Cette pratique a été facilitée par les rapprochements industriels entamés entre les deux opérateurs français et allemands.

Comment la BND et la NSA s’y prennent-ils ?

Quinze agents de la BND étaient affectée dans les locaux de Deutsche Telekom. Ils ont ainsi pu intercepter 51 lignes de transit allant vers la France. Un membre des services secrets allemands explique le fonctionnement : «  Les routes sont électriques ou de fibres optiques, cela veut dire qu’une bretelle de dérivation est installée (…). Une partie continue vers l’opérateur, (…) une autre partie va au BND. » Ensuite, les flux interceptés sont envoyés dans une base en Bavière, dans laquelle des opérateurs allemands travaillent conjointement avec la NSA. A partir de là, des clés de recherches permettre à la NSA d’analyser les flux de communication : des noms, numéros de téléphone ou encore cartes de crédit sont extraits.