Bouygues Telecom : retour sur les coulisses d’un rachat raté

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BOUYGUES TELECOM RACHAT

Cela fait 10 jours que Bouygues Telecom a refusé l’offre de rachat de SFR-Numericable. Retour sur 6 mois pendant lesquels le marché des télécoms a retenu son souffle. 

Patrick Drahi et Martin Bouygues ne se sont rencontrés qu’une seule fois. C’était au cours d’un dîner organisé par François Pinault. Il n’a pas été facile de réunir les deux PDG à la même table : depuis la guerre impitoyable qu’ils se sont menés pour acquérir SFR, finalement remporté par Patrick Drahi, les deux convives restent des adversaires. Durant ce repas, le PDG de SFR-Numericable sonde le grand patron de Bouygues Telecom. Le but ? Savoir si Martin Bouygues serait capable de lui laisser sa filiale contre une jolie somme. Il semble que Patrick Drahi ait senti son adversaire prêt à vendre son entreprise, car quelques semaines plus tard, il pose 8,5 milliards d’euros sur la table. Malheureusement, ce n’est pas le bon prix.

Une affaire à suivre…

Pourtant ce n’est que le début : Bouygues Teelcom sait bien qu’il a besoin de Free pour ne pas déclencher les foudres de l’Autorité de la Concurrence. Le but est de céder une partie du réseau et des fréquences de Bouygues au groupe de Xavier Niel. Dexter Goei, le bras droit de Patrick Drahi, et Thomas Reynaud, le directeur financier d’Iliad s’attellent donc à trouver un accord avec Free. En trois semaines, l’affaire est terminée : 2 milliards d’euros pour racheter une partie du réseau Bouygues Telecom, avec en plus des boutiques et  des infrastructures réseau. Désormais, SFR-Numericable peut boucler son projet.

Le 3 juin dernier, le PDG de SFR-Numericable dépose un chèque de 10 milliards d’euros. C’est au tour des services financiers de Bouygues Telecom d’analyser l’offre. Durant trois semaines, le groupe de Drahi n’aura aucune nouvelle de la société de Martin Bouygues. Le 20 juin, il apprend que Bouygues Telecom va réunir son conseil d’administration, 3 jours plus tard. Mais le 21 juin,  le JDD révèle l’affaire. Emmanuel Macron répond le même jour à cette offre de rachat :  « Le temps n’est pas à des rapprochements opportunistes auxquels plusieurs peuvent trouver un intérêt qui ne retrouve pas ici l’intérêt général ». Le gouvernement s’oppose farouchement à ce projet, surtout qu’il intervient au mauvais moment. L’Arcep a dévoilé son appel d’offre pour les « fréquences en or », qui pourraient rapporter 2,5 milliards d’euros à l’Etat. Dès lors, tout s’accélère : les médias s’emparent de l’affaire, le gouvernement s’en mêle. Les employés de Bouygues Telecom inquiets, attendent fébrilement la réponse de leur patron.

Le Conseil d’administration se tient à 18 heures dans les locaux parisiens du groupe. Très vite, les 20 personnes présentes tombent d’accord : Bouygues Telecom n’est pas à vendre. Ils montrent du doigt la fragilité de l’investissement de Patrick Drahi et redoutent sa politique managériale, très éloignée du capitalisme familial de Martin Bouygues. Quant au PDG de SFR-Numericable, il apprendra la nouvelle via les Echos

Une fois la réponse donnée, c’est un soulagement pour les employés de Bouygues Telecom. Chez SFR-Numericable, on regrette de ne pas avoir appris  autrement la nouvelle. Patrick Drahi encaisse le coup mais ne bronche pas. Il se contentera de dire : « on m’a dit d’aller voir ailleurs ? Très bien, mes équipes sont déjà sur le terrain pour trouver d’autres cibles ». Pourtant, l’histoire ne semble pas être terminée. Le non catégorique de Bouygues Telecom ne l’est pas temps que ça : il semble avoir pour but d’améliorer l’offre de SFR-Numericable. Affaire à suivre…

 

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