Pourquoi Clearview pousse ses clients à utiliser son logiciel de reconnaissance faciale à outrance ?

La société américaine Clearview est une start-up spécialisée dans les logiciels de reconnaissance faciale. Cette dernière conseille à ses clients d’utiliser son logiciel sans limite.

Pourquoi cette démarche ? Que sait-on sur Clearview, quels sont ses projets ? Voici les informations disponibles concernant cette entreprise et ses actions.

Que sait-on sur la start-up Clearview ?

Clearview est une start-up américaine qui a notamment développé un logiciel de reconnaissance faciale. La société a été soumise à de nombreux questionnements concernant ses pratiques souvent peu éthique et soulevant des questions de légalité. Le New York Times a notamment mis l’accent sur le logiciel de reconnaissance faciale de la start-up. En effet, ce logiciel a récolté toutes les photos publiques. Ces photos peuvent provenir des sites internet d’entreprises, des photos publiques des réseaux sociaux ou encore des différents clubs auxquels les personnes sont abonnées. Pour récolter ces photos Clearview se passe du consentement des personnes concernées. Avec près de 3 millions de photos cette base de données permet d’avoir des informations personnelles. Ces dernières sont accessibles à partir d’une simple photo de la personne. Clearview assurre fournir ce logiciel uniquement aux services de police ou les administrations fédérales. Cependant, Buzzfeed a pu avoir accès à certains documents qui démontrent que la start-up est loin de l’apparence qu’elle donne publiquement.

Pourquoi Clearview pousse à un usage excessif de son logiciel de reconnaissance faciale ?

Dans un mail, récemment envoyé au service de police de la ville de Green Bay, Clearview poussait les policiers à utiliser le logiciel à des usages plus élargis. Ainsi, la société a demandé à ces derniers d’utiliser le logiciel dans leur vie personnelle en dehors du cadre de leur travail. Selon la start-up, cet usage intensif permettrait d’améliorer les performances du logiciel et les résultats obtenus à partir de ce dernier. De plus, la société à préciser que son logiciel  est capable de procéder à l’identification d’un cadavre en utilisant la photo de ce dernier. Green Bay a investi 3 000 dollars dans la licence malgré la présentation quelque peu inhabituelle de Clearview. La présentation va même à l’encontre de la charte d’utilisation du logiciel ? En effet, cette dernière préconise une utilisation uniquement dans le cadre professionnel. Selon Ton-That, les responsables des administrations des forces de l’ordre peuvent à tout moment surveiller les usages qu’en font les policiers. En outre, il précise que les employeurs peuvent supprimer les comptes s’ils ne respectent pas la charte. Or, dans les mails publiés par Buzzfeed, le contraire est affirmé. Dans ceux-ci, il est noté que l’usage du logiciel fait par les policiers reste strictement privé. Le service commercial va même jusqu’à encourager les utilisateurs à ouvrir de nombreux comptes.

Quels sont les projets de Clearview ?

Selon les mails récoltés par le site internet, la start-up américaine semble viser une clientèle autre que les forces de police américaines. L’entreprise a déjà un client, en dehors des forces de l’ordre, il s’agit d’une banque. Le logiciel semble dans ce cas être utilisé dans la lutte contre la fraude. De plus, la start-up s’intéresse, également, aux casinos de Las Vegas.

Les projets de Clearview ne s’arrêtent pas aux frontières américaines. Cette dernière compte se développer dans au minimum 22 autres pays, sans compter le Canada avec lequel elle est déjà en affaire. Parmi ces pays, on remarque un point commun, le non respect des droits de l’homme. Le Qatar ou encore Singapour où l’homosexualité est considéré comme un crime. Des pays ayant un régime autoritaire comme les Émirats Arabes Unis font parti de leur liste de clients potentiels.

Outre ces pays, l’entreprise s’intéresse de près à l’Europe avec des pays comme l’Italie, la Grèce ou les Pays Baltes. Si Clearview veut s’installer sur le marché européen, elle devra alors appliquer le règlement européen concernant les données. De plus, la CNIL et d’autres institutions européennes veillent au respect de ce règlement. Pour l’heure, Clearview est sous le coup de plusieurs procédures suite à l’alerte du New York Times. Des mises en demeures réclament la suppression et l’arrêt des données collectées. Des réseaux sociaux ont, aussi, envoyé ce type de courrier, c’est le cas de Twitter, Facebook et Youtube. Les réseaux insistent sur le fait que les agissements de la start-up vont à l’encontre de leur charte utilisateur. D’autres procédures sont en cours, comme un dépôt de plainte des citoyens de l’Illinois. Cependant, aucun texte de loi concernant la reconnaissance faciale n’a été créé pour le moment. Clearview pourrait profiter de ce vide juridique pour invoquer le premier amendement.

Ainsi, les données collectées rentreraient dans le cadre de cet amendement. Selon Clearview, ces dernières sont des données publiques et donc protégées par le premier amendement américain.

Source : Cyberguerre Numerama

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