Une université anglaise pourrait mettre en place Early Alert Tool, un dispositif de surveillance des étudiants sur les réseaux sociaux. L’outil, qui devrait permettre de diminuer le taux de suicide, crée quelques interrogations.
La nouvelle créera certainement la polémique, tant elle est délicate en matière de gestion des données personnelles. Selon un média britannique, une université anglaise (Northumbria) va mettre en place un outil de surveillance des réseaux sociaux concernant ses étudiants. L’objectif ? Prévenir le suicide et abaisser la mortalité dans une catégorie sociale souvent fragile et soumise à la pression.
Un outil de surveillance des réseaux sociaux, vraiment ?
L’outil qui a été baptisé « Early Alert Tool », permettra de recueillir de nombreuses données relatives aux publications des étudiants concernés par le projet, afin d’analyser ces dernières. L’outil pourrait alors donner l’alerte dès lors qu’il suspecte un comportement suicidaire chez l’individu, afin que les services sociaux et de secours arrivent à temps pour l’aider et éviter un drame.
D’autres données recueillies pour participer à l’analyse
Les données issues des publications sur les réseaux sociaux ne sont pas les seules informations qui seront recueillies sur les étudiants. L’Université de Northumbria utilisera également le taux de présence en cours, ou encore la fréquence d’utilisation de la bibliothèque. Il s’agira alors de repérer les changements d’habitudes soudains chez les étudiants afin repérer ceux qui peuvent être concernés par la problématique du suicide.
Protection de la santé ou surveillance chez les étudiants ?
Le projet Early Alert Tool pose néanmoins de nombreuses questions au sujet des étudiants britanniques. Ce dernier vise-t-il à prévenir le suicide, ou au contraire à surveiller des étudiants afin d’avoir une visibilité sur le taux de fréquentation des cours ou encore les heures de travail à la bibliothèque ? Si le projet est mis en place, il faudra veiller à ce qu’il n’y ait aucune dérive en la matière.
Il ne serait dès lors pas question que l’université exploite ces données à des fins de notation ou pour pénaliser ses étudiants. Par ailleurs, la seconde question qui pose problème est le temps de conservation des données personnelles recueillies. En effet, afin de pouvoir effectuer un suivi pertinent des habitudes des étudiants sur les réseaux sociaux, l’outil implique de recueillir les données personnelles sur un laps de temps relativement long. Or, un tel recueil crée un risque de piratage pour les universités qui pourrait porter préjudice aux étudiants, plus que ce que l’outil n’apporte de bénéfices.
Un outil disponible sur la base du volontariat
Il existe, si l’on peut dire, un garde fou à ces situations d’espionnage. Selon le responsable à l’origine du projet, l’outil « Early Alert Tool » ne sera disponible que sur la base du volontariat. Il n’est ainsi pas question d’imposer aux étudiants d’être espionnés par leurs universités. Ceux qui ne souhaitent pas y avoir recours en seront tout à fait libres.
Dès lors, il peut être impensable que l’université exploite de telles données à des fins autres que la santé publique de ses étudiants, dans la mesure où tous les élèves ne participeront pas nécessairement au projet. Cependant, même avec le consentement des concernés, le temps de conservation des données personnelles et les risques de piratage qui y sont liés peuvent mener à s’interroger sur l’opportunité d’un tel dispositif.