L’administration américaine VS Huawei : les dessous d’une guerre technologique

Depuis mai 2019, la tension entre la marque chinoise Huawei et l’administration Trump est palpable. Entre doutes et sanctions, l’administration américaine a tranché et a banni les appareils Huawei au sein de tout son territoire. Si vous n’avez pas suivi la saga technologique de l’été dernier, MeilleurMobile vous propose un grand recap afin de capter tout l’enjeu de ce conflit commercial.

Une guerre froide qui ne date pas d’hier

La tension entre Huawei et les américains ne date pas d’aujourd’hui. Il y a six ans déjà, les Etats-Unis avaient ordonné l’interdiction des équipements de la division télécommunications de la firme chinoise. Une décision qui avait fait à l’époque coulé beaucoup d’encre. Pour rappeler en quelques mots les raisons de cette première expulsion, le House Intelligence Committee, la Commission qui supervise les agences américaines de renseignement, a accusé en 2012 les équipementiers chinois Huawei et ZTE de menacer la sécurité nationale. Et aujourd’hui, c’est tous les appareils électroniques du géant chinois qui ont été écartés par les Etats de Trump. Une décision qui a engendrée des conséquences lourdes pour les deux partis. Explication. En mai 2019, l’agence de presse internationale Reuters, le site The Verge et le compte officiel d’Android ont annoncé la nouvelle. Google a rompu la licence Android de Huawei et de Honor.

Cette rupture ne concerne pas les flagships de la Huawei qui ont été commercialisés avant le début de cette histoire. Ainsi, ces derniers conserveront les services Google mais pas les mises à jour.  Ils  n’auront accès qu’à  la version publique d’Android mais ne pourront pas accéder aux applications et services propriétés de Google. Il faut dire qu’au début de cette affaire, Huawei s’est retrouvé totalement au dépourvu. L’entreprise du jour au lendemain a dû changer de stratégie dans un moment où elle commençait à avoir du succès au sein du marché très prisé de la téléphonie mobile. En effet, à cette époque, la société chinoise  préparait la sortie de sa future gamme star : les Mate 30. La première gamme de la marque qui porte les marques de cette rupture entre la firme et les services américains. Mais c’est avec une grande surprise qu’on a constaté que l’absence de licence américaine n’a pas tant d’influence que cela sur la vente des Mate 30.

Huawei mis en sursis par les américains

Il faut savoir que dans cette saga, l’administration américaine n’a pas de suite sanctionné Huawei. Cette dernière a longuement traîné les pieds avant de rendre sa décision. Une situation qui a suscité une frustration chez la firme chinoise qui a vu durant cette période, en pleine gloire, ses activités ralentir. En effet, dans le but d’éviter que le blocage de Huawei impacte de manière négative les clients de la firme aux Etats-Unis, le Département américain du commerce a accordé un sursis de 90 jours à la société de Ren zhengfei afin qu’il puisse fournir maintenance et mises à jour de ses équipements. Une licence temporaire qui devait durer trois mois. Mais ce qui est intriguant dans cette affaire, c’est que la sanction des Etats-Unis envers Huawei ne profite pas non plus totalement aux américains. En effet, cette guerre menée contre Huawei  a aussi impacté d’une certaine manière l’économie américaine.

Les retombés sont que le groupe Huawei a dû licencier plus de 800 salariés sur le sol des Etats-Unis. Une nouvelle qui a ébranlé l’économie américaine. Depuis le début, les USA sont durement opposés à l’essor de la firme chinoise ainsi que de son influence à travers le monde. Toutefois on rappelle que la Futurewei Technologie, le nom de la société de Huawei au États-Unis c’est presque plus de 1000 salariés américains. La Futurewei Technologie est principalement un centre de recherche et de développement pour la firme Huawei. Une forte base implantée sur un sol désormais hostile. Mais encore, les représentants américains ont mis la pression à leurs alliés afin qu’ils boycottent totalement la marque. Ainsi, à l’occasion d’un entretien avec le quotidien canadien « Globe and Mail », en décembre 2019, le PDG de Huawei a déclaré son ambition de délocaliser son centre de recherche qui se situe présentement en Californie, au Canada.

Huawei ne se laisse pas faire

Le problème des américains contre Huawei est d’ordre politique. En effet, la marque chinoise est fortement associée à son gouvernement. Et selon certaines presses comme le Wall Street Journal, la société chinoise serait sous la coupe du gouvernement chinois. Une accusation que Huawei n’a jamais cessé de démentir. Si l’entreprise chinoise a été exclue du marché américain  c’est aussi parce que ce dernier redoutait que Huawei soit mêlée à des activités d’espionnages. Une accusation portée par la FCC (Federal Communications Commission) que la firme chinoise a toujours nié. La société de Ren Zhengfei a par ailleurs porté plainte contre la compagnie pour diffamation. Durant toute cette affaire, Huawei n’a pas cessé de se défendre et n’a pas hésité à emmener l’affaire en justice. La marque est passé à l’offensive et a mis ses avocats sur le coup. Ainsi ces derniers ont déposé un recours judiciaire contre la décision de l’administration Trump. Le tout a été d’attaquer la constitutionnalité du décret signé par Trump.

Ren Zhengfei, founder and chief executive officer of Huawei Technologies Co.

Malgré tous les désagréments causés par cette rupture entre les américains et Huawei, la firme chinoise a continué a avancer. En effet, la popularité de la marque chinoise a haussé notamment auprès de son marché natal. On a remarqué ainsi une poussée patriotique au sein de la nation. En effet, certains ont vu le refus de la licence comme injustifié. Le patron de la branche consommateur, Richard Yu a compris ce soutien et a déclaré avoir confiance à son marché natal. Ainsi, la gamme des Mate 30 qui est sortie sans les services Google a quand même eu un succès fou. Malgré le prix élevé des flagships, le téléphone pliable de la firme chinoise s’est rapidement trouvé en rupture de stock. Le président de Huawei, Eric Xu, a déclaré le chiffre d’affaires réalisé par la société durant l’année 2019. Un chiffre plutôt impressionnant puisque Huawei affiche un bilan record de 850 milliards de yuans chinois soit 122 milliards de dollars. Une nette augmentation de 18% par rapport à l’année précédente pour le fabricant.

«On qualifie ça de première guerre technologique de l’époque numérique qui commence.» Vladmir Poutine

Durant ce conflit commercial avec les américains, Huawei a tout de même reçu le soutien de certaines autorités comme le président de la Russie, Vladmir Poutine. En effet, ce dernier n’a pas hésité à dénoncer et à prendre la défense de la marque chinoise lors de la session plénière du forum économique de Saint-Pétersbourg, le principal rendez-vous des affaires du pays, en présence de son homologue chinois Xi Jinping. «On qualifie déjà ça, dans certains milieux de première guerre technologique de l’époque numérique qui commence», a ajouté Vladmir Poutine. Mais encore, le président permet à Huawei de développer un réseau 5G avec le numéro un russe de la téléphonie mobile MTS. Mais autre que Vladimir Poutine, le brésil s’allie aussi à la cause du géant chinois. En effet, malgré les sollicitations du président des Etats-Unis, le gouvernement brésilien n’est pas contre l’investissement de Huawei dans ses infrastructures 5G.

Le vice-président brésilien Hamilton Mourao a avoué au journal Valor Economico que Donald Trump  a demandé au président du Brésil, Jair Bolsonaro, de mettre Huawei à l’écart des projets de développement de nouveaux réseaux mobiles dans le pays. Une requête qui a été refusée par Jair Bolsonaro. Ce comportement de Donald Trump a  notamment suscité la critique de certains politiciens. Ainsi, Brad Smith, Président en charge des affaires juridiques chez Microsoft, estime que Donald Trump ne gère pas les choses comme il faut et a clairement affiché son soutien à la firme de Shenzhen. Pour Brad Smith « la seule façon de gérer la technologie au niveau mondial est d’avoir des gouvernements qui travaillent ensemble ». Même dans le camp Trump, les acteurs américains ont du mal à comprendre les reproches qui sont faites au géant chinois. Ainsi, certains fournisseurs américains de Huawei se sont ralliés du côté du constructeur chinois pour faire pression sur le gouvernement américain dans le but d’obtenir l’annulation de la sanction qui pèse sur la firme. Une initiative qui n’a toutefois rien changé.

En virant Huawei de son marché et en l’inscrivant dans la liste noire, les américains ont affiché leur volonté de condamner l’entreprise chinoise. Toutefois, c’est sans compter sur la persévérance de cette dernière qui s’est battue pour rester debout. Privé des services Google, Huawei a pu trouver des alternatives. Ainsi aujourd’hui, elle a son propre système d’exploitation, HarmonyOS, son service d’applications, le Huawei Mobile Service. Mais encore, dernièrement, la firme a fait un contrat avec TomTom, la firme néerlandaise, éditeur de logiciel de planification d’itinéraires. Une alternative qui vise à remplacer Google Maps. Ce que l’on constate c’est que graduellement, Huawei a changé ce qui devait être pour elle une mésaventure en une opportunité. Une opportunité de s’affranchir et d’être plus affirmée. Finalement cette campagne du gouvernement américain visant à éjecter ou affaiblir l’équipementier chinois a eu l’effet contraire.

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